Historique

Le Lycée français Pierre Loti (LFPL), tel qu’il existe aujourd’hui, naît en 1962 de la formation d’un Comité de Gestion composé par des parents d’élèves, des enseignants et des représentants de l’Ambassade de France en Turquie. À cette époque, l’établissement prend le nom d’École française d’Istanbul (EFI). Il est ensuite renommé en 1989, à la suite d’un vote des élèves, en hommage à l’écrivain français, chantre de l’amitié franco-turque qui fit sept séjours à Istanbul de 1876 à 1913, écrivit des romans et des articles inspirés par ces séjours (« Aziyadé », « Les désenchantées », « Fantôme d’Orient » etc.) et contribua à faire connaître Istanbul et l’Empire ottoman en France.

Entre 1942 et 1962, l’établissement était désigné sous différentes appellations : les Cours de préparation au baccalauréat, le Lycée du Centre d’études françaises, l’École consulaire française d’Istanbul, etc. Les classes de primaires installées dans les locaux de l’ancien Séminaire Saint-Louis étaient parfois désignées comme « École Saint-Louis » ou encore « Petite école de l’Ambassade ». 

Au-delà de ces différentes appellations, l’école est connue, jusqu’à nos jours, au travers de son célèbre surnom : le Papillon. L’origine du surnom est ancienne mais incertaine. Il a néanmoins connu une longévité et un ancrage remarquables auprès de chaque génération d’élèves, de familles et de membres du personnel. 

Prémices : une école née de la seconde guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, afin d’améliorer la qualité de l’enseignement destiné aux enfants de la communauté française d’Istanbul – en particulier aux élèves préparant l’examen du baccalauréat – un groupe de professeurs bénévoles du Lycée de Galatasaray organisent des leçons au sein du Consulat général d’Istanbul, à partir de 1942.

Parmi ceux-ci, Camille Bergeaud (1900-1973) est le maître d’œuvre charismatique du Lycée Papillon dans ses premières années. Normalien, agrégé de grammaire, il est professeur de philosophie au Lycée Galatasaray et en devient préfet des études françaises. S’il est l’instigateur et la cheville ouvrière de la création du Lycée Papillon, son initiative se concrétise grâce au soutien et à la participation de différents groupes formant la communauté française et/ou francophone à Istanbul.

À partir de 1945, le Papillon rejoint le Centre d’études françaises (CEF), un groupement de services culturels français créé également par Camille Bergeaud. Il regroupe alors le Lycée, la Bibliothèque, un Institut d’études supérieures et un secrétariat général. Par la suite, des cours de langue française y sont également donnés. Au sein du CEF, le Papillon se développe rapidement. Dès 1945, des classes sont ouvertes pour tous les niveaux, du cours moyen jusqu’au baccalauréat.

Vers la fin des années 50, un « Conseil intérieur » est formé aux sein du Papillon qui annonce une évolution de l’école vers une existence plus autonome et une gestion parentale qui s’installe réellement à partir de 1962.

De l’École française d’Istanbul au Lycée Pierre Loti d’Istanbul

En 1962, alors qu’un statut de « Petite école » est créé par le gouvernement français afin d’améliorer la scolarité des enfants français expatriés en subventionnant les établissements français à l’étranger, l’attaché culturel propose de créer une association regroupant les parents d’élèves, des professeurs et les membres de la communauté française intéressés par le fonctionnement de l’école. Le 19 novembre 1962, l’Association de Gestion de l’École française d’Istanbul est créée. Les membres de son Conseil d’Administration (ou Comité de Gestion) sont chargés d’assurer la gestion de l’École. Aux côtés de l’Association de gestion, le Directeur de l’école est chargé des missions pédagogiques et administratives. Ainsi, jusqu’ici confondue avec le Centre culturel d’Istanbul, l’École se dote pour la première fois de statuts et adopte un nouveau nom.

La première convention régissant les rapports entre l’État français et l’Association des parents d’élèves gestionnaires est signée en 1985. À partir de 1990, les conventions entre le LFPL et le gouvernement français sont conclues par l’intermédiaire de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), établissement public placé sous la tutelle du Ministère des Affaires étrangères qui gère le réseau des lycées français à l’étranger.

Les lieux du Papillon

L’établissement s’est établi au fil du temps dans divers lieux, d’abord à Taksim dans les locaux du Consulat général de France, puis à Beyoğlu, dans les bâtiments de l’ancien séminaire Saint-Louis ainsi que dans les dépendances du Palais de France. La majeure partie de l’école primaire occupe toujours ces locaux profondément remaniés en 1989. De plus, en 1992, le Tribunal (construit en 1844) est attribué à l’école après réhabilitation. Dans ce dernier bâtiment, où sont installées les classes de maternelle, les ressortissants français étaient jugés indépendamment de la juridiction ottomane en vertu du statut des « capitulations » qui avait été accordé en 1534 par traité entre François 1er et Soliman le magnifique, et qui fut dénoncé à la fondation de la République en 1923. Le Palais de France, de style Louis-Philippe, date lui des années 1840 (1839-1847) et a été en partie réaménagé entre 1908 et 1913. L’église Saint-Louis fut construite en 1846 ; l’ancien bâtiment des « drogmans » (interprètes de l’Ambassade), désormais occupé par l’Institut français d’études anatoliennes, en 1874. Les bâtiments du couvent et du séminaire Saint-Louis des frères Capucins ont été eux construits en 1889.

Au bord du Bosphore, dans le quartier de Tarabya, s’étend un domaine français où se dressait ce qui fut au XIXe siècle la résidence d’été de l’ambassadeur de France. Le premier occupant du Palais construit sur le site dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle était Constantin Ipsilanti, un aristocrate « rum » du quartier de Fener, par ailleurs gouverneur de Transylvanie (« Voyvode » de Valachie, en Roumanie actuelle). Après expropriation, le Palais Ipsilanti fut donné en 1807 à la France par le sultan ottoman Selim III pour remerciement de l’aide apportée lors d’un blocus d’Istanbul par la flotte anglaise. Une partie annexe, qui fut un temps utilisée par l’Université de Marmara, a été ensuite achetée par la France en 1822. À l’exception des édifices installés sur cette partie, le bâtiment principal de la résidence d’été de l’ambassadeur a lui été détruit par un incendie en 1913. Les élèves du secondaire (collège et lycée) ainsi qu’une partie des élèves du primaire sont accueillis sur ce site depuis 2003.

Souvenirs du Papillon

Depuis les années 1980, la vie du Papillon est rythmée par des évènements marquants qui ont contribué à forger et à porter son identité : tournois de sport, représentations théâtrales, noël, carnaval, célébrations de fin d’année, festival pluriculturel etc.

Dès les années 1980, l’École a fait de la connaissance de la langue, de la culture et du patrimoine de Turquie l’un de ses axes forts. Ainsi, les élèves du Papillon participent, tout au long de leur scolarité, à des sorties pédagogiques et des voyages scolaires dans leur pays d’accueil. Les voyages à Éphèse, les classes de neige à Uludağ et les visites du patrimoine historique et culturel d’Istanbul ont enthousiasmé plusieurs générations d’élèves.

En parallèle d’une insertion toujours plus importante dans son environnement culturel et linguistique turc, le Lycée Papillon développe l’offre de ses voyages scolaires dès la fin des années 1980. Ainsi, il valorise une scolarité ouverte sur l’Europe et le monde. Des séjours linguistiques sont organisés chaque année. Par ailleurs, les années 2010 ont vu apparaître des « grandes épopées » telles que la traversée à bicyclette Istanbul-Bischwiller (Alsace) en 2013 et la découverte du Népal en 2015, puis du Rajasthan (Inde) en 2025.

Mémoires du Papillon

Au début de l’année 2023, les élèves du collège et du lycée français Pierre Loti sont allés à la rencontre des « anciens » du Papillon. Ces rencontres ont donné lieu à des échanges riches et émouvants, disponibles en intégralité sur nos deux médias scolaires Loti News et Crescendo : les Mémoires du Papillon